Espérer contre toute espérance


Dans notre monde d’aujourd’hui, traversé par une crise d’ordre:
– économique, avec la lourdeur de la dette,
– politique, lorsque les ambitions présidentielles l’emportent sur l’intérêt du pays,
– climatique, avec les conséquences du réchauffement,
– international, avec ces guerres qui s’enlisent,

ce dont les jeunes ont le plus besoin, c’est de rencontrer des témoins d’espérance.

Les propos du pape François, dans sa bulle d’indiction de l’année jubilaire, sont d’une grande actualité:

« Ceux qui, en leurs personnes mêmes, représentent l’espérance, ont besoin de signes d’espérance : les jeunes. […] Il est triste de voir des jeunes sans espérance! Lorsque l’avenir est incertain et imperméable aux rêves, lorsque les études n’offrent pas de débouchés et que le manque de travail ou d’emploi suffisamment stable risque d’annihiler les désirs, il est inévitable que le présent soit vécu dans la mélancolie et l’ennui. L’illusion des drogues, le risque de la transgression et la recherche de l’éphémère créent, plus en eux que chez d’autres, des confusions et cachent la beauté et le sens de la vie, les faisant glisser dans des abîmes obscurs, et les poussant a accomplir des gestes autodestructeurs.
C’est pourquoi le jubilé doit être dans l’église l’occasion d’un élan à leur égard. Avec une passion renouvelée, prenons soin des jeunes ! »


Espoir ou espérance ?

J’aimerais distinguer deux notions qu’on a parfois tendance à confondre: l’espoir et l’espérance. L’espoir a un objet : j’espère que… par exemple qu’il fera beau, que je réussirai mon examen. Et alors, ou il fait beau, ou pas: ou je suis reçu, ou je suis collé. L’espérance, quant à elle, n’a pas  d’objet : J’espère…

Autrement dit, on espère quelque chose alors qu’on vit dans l’espérance. L’espoir vise un futur, escompté ; l’espérance se vit au présent. L’espoir est une attente, angoissée ou impatiente, de quelque chose qui n’existe pas encore ; l’espérance est une qualité d’attention à ce qui se donne à nous. Au fond, l’espérance ne se définit pas par son contenu, mais par son mouvement. Elle ne nous offre pas telle ou telle représentation d’un objet précis à espérer, mais elle ouvre le réel à ce qu’on ne perçoit pas encore. Comme le dit saint Paul, « voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer. Car ce que l’on voit, comment l’espérer encore ? »

Ce dont les jeunes sont en quête aujourd’hui, c’est d’ espérance.


L’espérance ouvre un passage

La  désespérance, c’est un peu de la lâcheté : c’est se mettre au diapason de tout ce qui peut circuler dans les journaux, dans les réseaux sociaux …

L’espérance, quant à elle, est de l’ordre de la décision. Elle n’est pas le fruit d’une argumentation, d’un raisonnement. Il ne s’agit en rien d’un calcul de probabilités. Elle se définit plutôt comme une antenne sur l’avenir.

Il ne s’agit pas d’un optimisme béat. Car l’optimiste, lui, pense que tout finira bien. Autrement dit, il n’y a pas grand chose a faire. Mais l’histoire nous apprend que tout peut mal finir. L’espérance, c’est un moteur pour l’action.

Elle ouvre un passage. Elle ouvre notre présent à sa dimension d’avenir, de possible. Voilà pourquoi il me semble que l’on ne peut vivre véritablement sa jeunesse sans être habité par l’espérance.

Comme j’aime à le répéter aux lycéens et étudiants que je rencontre : « si tu as entre 15 et 25 ans, et que tu ne te sens pas appelé à transformer le monde, quelle triste vie tu te prépares ! »

Combien les jeunes ont besoin d’entendre, dans ce monde qui si souvent les désespère, un vibrant appel à l’espérance. Comme le dit le proverbe : « Un arbre que l’on abat fait beaucoup plus de bruit qu’une forêt qui pousse ». Être témoin d’espérance, c’est être capable d’écouter le murmure de ce qui pousse au milieu du fracas des  arbres qui tombent.

Jean Marie PETITCLERC
Salésien de Don Bosco