La Famille salésienne est composée de trente-deux groupes. En France et en Belgique, les frères et les sœurs salésiens sont bien connus, les coopérateurs et les anciens élèves également. Les Volontaires de Don Bosco sont bien présentes et actives aussi, quoique plus discrètes… Mais connaissez-vous la Congrégation de saint Michel Archange, dont les sœurs, appelées Michaëlites, sont également présentes sur notre territoire ? Nous avons profité du rassemblement de la Famille salésienne aux Becchi (Italie) pour rencontrer l’une d’elles, sœur Anna Greszta.
DBA : qui es-tu, sœur Anna ?
Je suis polonaise, originaire de Lublin. Durant 13 ans, j’ai travaillé dans la finance dans une grande multinationale, dans différents pays, dont la France. J’avais presque tout dans la vie. Je sentais que le Seigneur m’appelait, qu’il attendait quelque chose de moi, mais je n’étais pas prête à lui répondre : j’avais mes projets, je voulais vivre ma vie telle que je l’avais choisie. Un jour, un évènement a déclenché une crise dans ma vie : un de mes collègues est mort brutalement et cela m’a bousculée. J’ai commencé à me poser des questions sur le sens de ma vie et j’ai décidé que je ne pouvais plus vivre comme cela.
Pour la première fois, j’ai demandé au Seigneur qu’il décide lui-même de ce qu’il voulait faire de moi, parce que j’avais tout essayé mais cela ne me donnait pas la joie. J’avais 36 ans. J’ai commencé à aller à la messe tous les matins en allant au travail. Un jour, j’ai rencontré une sœur michaëlite, et une voix en moi m’a dit de l’attendre avant de quitter l’église. Je l’ai saluée, elle a parlé avec moi puis m’a demandé : « Tu n’as jamais pensé à devenir religieuse ? » Ce jour-là, j’ai eu les réponses que j’attendais de la part du Seigneur. Je suis allée en pèlerinage au sanctuaire de Jasna Góra à Czestochowa, puis j’en ai parlé à mon oncle prêtre, mais la réponse était déjà claire dans mon cœur. J’ai commencé à connaitre la congrégation, le charisme, j’ai annoncé la nouvelle à ma famille, j’ai présenté ma démission, et j’y suis entrée trois mois plus tard. C’était l’année de la vie consacrée. J’ai trouvé là ce qui me manquait, ce que j’ai cherché en vain dans plusieurs pays. Dieu a cheminé avec moi jusqu’à me faire comprendre que là où je ne voulais pas aller, c’était ce qu’il y avait de meilleur pour moi.
DBA : comment es-tu arrivée en France ?
J’ai fait mes vœux perpétuels en août 2023 en Pologne. À ce moment-là, en faisant le vœu d’obéissance, je me suis sentie totalement libre par rapport à ce que le Seigneur me demanderait. J’ai été envoyée en France le même mois. Nos sœurs y sont présentes depuis vingt-cinq ans et je connaissais déjà ce pays pour y avoir vécu il y a une vingtaine d’années. J’ai été envoyée dans la communauté de Joinville-le-Pont pour être à l’aumônerie de l’hôpital. Au début, j’avais peur d’aller en oncologie, puisque mon père est décédé d’un cancer. Mais le Seigneur m’a fait cheminer avec patience, puisque j’ai d’abord rencontré des patients cancéreux dans d’autres services, et seulement après, je suis allée en oncologie.
DBA : qui sont les sœurs michaëlites, quel est leur lien avec la Famille salésienne ?
Assurer une mission à l’aumônerie de l’hôpital est assez particulier pour nous. Comme les salésiens de Don Bosco, nous nous occupons plutôt des jeunes, plus particulièrement des enfants. Nous avons des écoles maternelles, des orphelinats, nous faisons de la catéchèse… Nous sommes présentes dans sept pays : la Pologne, la France, l’Italie, l’Ukraine, la Biélorussie, le Paraguay et le Cameroun.
La congrégation a été fondée par le bienheureux Bronisław Markiewicz, qui a été prêtre diocésain en Pologne. Parti à la rencontre de Don Bosco à Turin en 1885, il est devenu salésien, avant de fonder une nouvelle congrégation correspondant davantage à ses convictions et à la culture polonaise. Elle est constituée d’une branche masculine, érigée en 1921, et d’une féminine, fondée avec Anna Kaworek en 1928. Les deux sont placées sous le patronage de l’archange Michel.
Notre lien avec Don Bosco est donc présent depuis les origines, et nous faisons partie des trente-deux groupes de la Famille salésienne depuis 2009.
DBA : comment te sens-tu au sein de ce grand pèlerinage de la Famille salésienne ?
Je suis très contente d’être ici et de découvrir cette belle ambiance. Je ne connaissais personne en arrivant, et, au bout de quelques jours, j’ai l’impression de connaitre tout le monde !
Propos recueillis par sœur Céline BAUMET