Trois cents jeunes et adultes ont participé au grand rassemblement de fin d’été de la famille salésienne de Don Bosco, le Campobosco, à Ressins, dans la Loire, du 20 au 24 août 2024. Si la mécanique est bien huilée, mêlant grandes veillées, jeux, temps de réflexion, échanges et propositions spirituelles, le thème, lui, change chaque année.
Cette année, le staff, ce groupe d’une vingtaine d’adultes qui, plusieurs fois par an, se réunit pour tout préparer, a rapidement discerné que le thème de l’espérance faisait sens. « Réchauffement climatique, guerres et conflits armés, crise écologique et sociale, chaos politique, montée de l’extrême-droite, contrôle sécuritaire démesuré… mais où va ce monde ?« , interroge-t-il. Avant de s’adresser directement aux jeunes : « Tout ce qui te parvient sur les réseaux sociaux et autour de toi pourrait te faire craindre l’avenir et te plonger dans le désespoir. Mais tu es l’enfant d’un Dieu qui t’invite à l’espérance et à la liberté ! »
C’est ainsi qu’est né ce thème sous forme de jeu de mots : « L’espoir fait libre« . « Preuve que le thème de l’espérance s’impose dans nos vies, le recteur majeur des salésiens, Don Angel, publiera son étrenne 2025 sur ce thème. Et le pape a aussi publié un texte sur ce thème pour l’année jubilaire 2025« , fait remarquer le père Xavier Ernst, salésien de Don Bosco.
Comment cheminer sur ce thème avec les jeunes ? « Nous nous sommes appuyés sur la pédagogie salésienne… et sur la Bible, car Dieu est un formidable éducateur, explique sœur Valentine Delafon, salésienne de Don Bosco. La première chose que nous avons voulue, c’est faire comprendre que nous sommes un peuple qui cherche la liberté. C’est Moïse, le peuple d’Israël et l’exode. C’est un des fondamentaux de notre espérance : l’espérance chrétienne, elle se porte… ensemble. »
Le deuxième temps, c’était de nous amener à nous interroger sur notre liberté, « dans un monde, précise le père Xavier, où ce mot de liberté semble rimer avec ‘je fais vraiment tout ce que je veux, peu importe les autres’. »
« Devant chaque choix, j’ai devant moi la Vie. Je dois choisir là où la vie est la meilleure. Il y aura donc des renoncements, des limites« , explique sœur Valentine. La liberté chrétienne, c’est ce Dieu qui nous dit que la fidélité à nos engagements nous rend libre. Henri et Brigitte, retraités, mariés depuis bientôt 50 ans et parents de 3 enfants, en ont témoigné devant les jeunes. « Faire le bien là où l’on se trouve, n’est-ce pas ça la vraie liberté ? » questionna le père Xavier, lors de l’homélie de la messe d’envoi.
Deux jours auparavant, c’est le père Jean-Marie Petitclerc, salésien, qui avait rapprocher les mots liberté… et vérité : « Dans la Bible, il est écrit : ‘La vérité te rendra libre’. Si tu veux être libre, sois vrai. Sois vrai avec toi-même. Sois vrai avec l’autre (il est tellement plus facile de parler sur le dos des autres que parler à l’autre). Sois vrai avec Dieu. L’esprit du Campo, c’est ça, c’est être un espace où pendant quatre jours, chacun peut être vrai avec lui-même, avec les autres. »
Mais la notion d’espérance chrétienne a aussi beaucoup nourri les échanges et les réflexions. Et moi, en quoi j’espère ? Qu’est-ce qui me freine à aller plus loin ? Est-ce que j’ai déjà eu un choix difficile à faire ? « L’espérance, c’est la certitude que Dieu ne nous laisse jamais seul, mais enraciné dans l’amour« , a notamment lancé aux jeunes Marie Clergeau, psychologue installée à Bruxelles, grand témoin de ce Campo 2024.
Et c’est là que l’espérance se distingue de l’espoir : dans l’espérance, on dit « Seigneur, j’ai confiance ». Ce dont a formidablement témoigné Zineb. « Tout petite, j’ai senti que Dieu m’aime et me pardonne. Dans ma vie, je lui ai dit plusieurs fois : que ta volonté soit faite. Et au final, je considère qu’il n’y a pas de choses négatives dans ma vie, il y a juste des chemins. »
Marie Clergeau, depuis Reborntrauma, Centre de santé mentale spécialisé dans le traumatisme (Bruxelles), en est un témoin : « En accompagnant des gens qui ont vécu des choses horribles, notamment des demandeurs d’asile, je suis témoin chaque jour qu’on n’est pas toute sa vie attaché à ses traumatismes, on s’en sort. Chaque jour, je suis témoin de résurrections. L’amour soigne« .
« Oui, l’espérance, ce n‘est pas croire naïvement que tout va s’arranger. C’est savoir qu’il y a toujours au fond de nous ce souffle qui nous donne l’occasion de partager, d’aimer« , lança aux participants le père Xavier, lors de la messe finale.
Et Marie de conclure son témoignage par cette interpellation : « Chers jeunes, ne perdez jamais la liberté et l’espérance ! Dieu est là, mais il ne peut faire qu’une seule chose : frapper à la porte de votre cœur. Ouvriras-tu ? »
Les dates du Campobosco 2025, celui du 20e anniversaire, ont été annoncées : ce sera du 19 au 23 août 2025.