Que font cinq jeunes, tout droit sortis de leurs études, sur un bateau en plein milieu de l’océan Atlantique ? La mission Nerrivik, évidemment ! Thibault, Gauthier, Pierre-Alexandre, Temanu et Victor ont embarqué il y a huit mois à bord d’un deux-mâts. Proches de la famille salésienne de Don Bosco (ils sont plusieurs a avoir étudié à l’école Bon Accueil de Toulon), ils ont pu aller à la rencontre de plusieurs projets salésiens au cours de leur périple, notamment aux Cayes (Haïti).
La genèse du projet
Début 2020, ces cinq amis en quête de grandes aventures et de découvertes maritimes créent l’association Nerrivik. Nerrivik est la Mère des flots dans la mythologie inuit. Le but de l’association est de réaliser des expéditions scientifiques : « on veut vraiment avoir cette démarche d’explorateurs » soutient Pierre-Alexandre, président. À cela, l’association ajoute les aspects éducatifs et humanitaires par des actions auprès des jeunes.
Le 24 octobre 2021, la concrétisation de leurs rêves s’officialise : les cinq matelots se lancent sur la mer Méditerranée à bord du Bernick, un deux-mâts datant de 1981. Cette première expédition durera 1 an avec de nombreuses escales au programme : Espagne, Maroc, Canaries, Cap Vert, Antilles, Bahamas, Floride, New York, Canada, Groenland, Islande, Grande-Bretagne et France.
Une expédition avec trois grands axes
Scientifique
Pour cette première expédition, les cinq jeunes ont comme objectifs d’étudier la pollution plastique en mer, les courants marins, les planctons et déployer des bouées dérivantes pour les modèles météorologiques. L’ensemble des données collectées sera confié à des instituts partenaires (Météo France, the Sea Cleanup, Astrolabe expédition, Station Marine…). Pour l’instant, les zones les plus polluées qu’ils ont pu observer sont la côte méditerranéenne – notamment la côte espagnole – et aux abords d’Haïti. « Il y a énormément de déchets et de plastique visibles à l’œil nu car il n’y a pas de système de collecte de déchets sur place, » rapporte Pierre-Alexandre.
Éducatif
Les cinq matelots proposent un programme pédagogique, le “Petit Explorateur Nerrivien”, à plusieurs écoles de l’académie de Toulon, dont l’école Bon Accueil. Ils font découvrir la navigation, les peuples et territoires rencontrés lors de leur voyage. Avant d’embarquer, ils ont pu faire visiter leur bateau aux élèves de Bon Accueil : « Les élèves étaient très intéressés et posaient plein de questions, ils étaient très calmes, il n’y avait pas de chahut, ils étaient tous émerveillés. »
Après leur départ d’Haïti, ils ont pu faire une visio avec une classe de CM2 de Bon Accueil. Les élèves posaient de nombreuses questions, « parfois très amusantes » sur leur quotidien et leurs découvertes. « Bien que ce travail demande beaucoup de temps à Thibault, le respo’ audio-visuel, on voit qu’on peut les faire rêver et voyager avec nous en leur partageant nos vidéos. Cela nous fait vraiment plaisir » confie Pierre-Alexandre.
Humanitaire
En partenariat avec le Rocher (association vivant au cœur des quartiers populaires en France et mettant en place des actions éducatives, sociales et culturelles), la mission Nerrivik intègre des jeunes issus de milieux défavorisés au sein de l’équipage. Les tout premiers à avoir embarqué sur le Bernick sont deux jeunes, de 17 et 19 ans, venus d’eux-mêmes. N’ayant jamais mis les pieds sur un bateau, « ils posaient mille questions, participaient aux manœuvres et nous regardaient comme des aventuriers, raconte Pierre-Alexandre ; leur âme d’enfant ressortait tout naturellement ! » Les jeunes se sentent aussi responsabilisés : leur sont confiées des actions assez simples mais lourdes de sens, comme manœuvrer le bateau. « Nous avons un allié de force avec nous : la mer. Elle met tout le monde à égalité devant sa puissance et sa beauté ».
La famille salésienne
La famille salésienne a toute sa place dans l’équipage : plusieurs des jeunes explorateurs ont étudié à Bon Accueil. Pierre-Alexandre a un lien fort avec saint Jean Bosco : « J’ai une admiration pour ce saint. On est sur la même longueur d’onde sur l’éducation : il est essentiel de faire confiance aux jeunes, porter un regard sans jugement sur eux, aller chercher leurs qualités, ce qui fait la beauté et l’unicité de leur personne, les intégrer harmonieusement dans un équipage sans regarder d’où ils viennent. »
Pierre-Alexandre a pu rencontrer la famille salésienne un peu partout dans le monde : en France (avec l’école Bon Accueil), au Cambodge et maintenant à Haïti. Là, la mission Nerrivik a fait escale dans une école salésienne, le Centre diocésain des arts et métiers, qui regroupe un centre scolaire et un centre de formations professionnelles.
Thibault, Gauthier, Pierre-Alexandre, Temanu et Victor ont été accueillis par le père Cazy Guilteau. Ils sont allés à la rencontre des élèves pour raconter leur expédition, son but, et créer un pont entre l’école Bon Accueil et l’école salésienne CDAM (centre diocésain des arts et métiers) des Cayes (Haïti).
Un autre but est de soutenir les œuvres salésiennes aux Cayes qui ont particulièrement souffert des tremblements de terre. N’ayant plus d’accès à l’électricité ni à l’eau courante, les formations professionnelles en sont impactées car les machines ne peuvent pas fonctionner. Une récolte de dons a été lancée. Bon Accueil soutient cette démarche et a lancé plusieurs initiatives : vente de bracelet, ventes de gâteaux, bol de riz pour la semaine sainte, etc.
Cette aventure, c’est « le goût de l’aventure partagée, une amitié forte, de l’audace, de la joie malgré les épreuves et le désir de partage » conclut Pierre-Alexandre. Il reste encore trois mois à ces jeunes explorateurs pour découvrir le Groenland puis repartir vers Toulon en longeant les côtes anglaises. Retour à Toulon le 11 novembre 2022. Bon vent et à la prochaine, moussaillons !
Marie-Hermine GAY
Pour en savoir plus : https://www.mission-nerrivik.com