Dans le cadre du 79e anniversaire de la capitulation allemande du 8 mai 1945, les élèves de 4e et 3e « passeurs de mémoire » du collège Immaculée-Conception, l’une des deux maisons salésiennes de Bailleul (Nord), ont présenté une exposition dans le hall de l’hôtel de ville, en présence notamment d’Anthony Gautier, maire, et de Patrick Kanner, sénateur du Nord.
Sous la forme de huit panneaux dépliables, l’objectif est de rappeler la rafle du Nord de septembre 1942 sous différentes thématiques : certaines assez générales comme la souffrance et l’extermination des Juifs d’Europe, les familles brisées à Auschwitz ou encore le recensement, l’aryanisation et la spoliation des biens ; d’autres plus locales comme les rafles du Nord et leurs victimes, l’action des cheminots de Lille-Fives dans le sauvetage des déportés ou encore les enfants juifs cachés dans le nord de la France.
En dehors des cours
Accompagnés de trois professeurs de l’établissement, la trentaine d’élèves volontaires se réunit en dehors des cours à raison d’une fois par semaine pour travailler la mémoire de la Shoah et la transmettre autour d’eux, notamment aux autres élèves et à leurs proches. « Tous les textes présentés viennent des élèves, ainsi que la majeure partie des illustrations« , précise avec fierté David Bernard, l’un des enseignants accompagnant le groupe.
La rafle du 11 septembre 1942
Pour créer l’exposition, les passeurs de mémoire ont notamment travaillé en collaboration avec l’association Lille Fives 1942 qui s’est donnée pour mission de transmettre aux jeunes générations l’histoire du sauvetage effectué le 11 septembre 1942. Ce jour-là, des centaines de juifs sont raflés dans le Nord et le Pas-de-Calais. Sur les 500 déportés vers Auschwitz, seuls 17 reviendront… La bravoure d’une poignée de sauveteurs présents à la gare de Lille Fives permettra de sauver une soixantaine de personnes d’une issue probablement fatale.
Charles et Maximilien, 2 enfants juifs cachés à Bailleul
Ce travail de mémoire est loin d’être terminé. Après un voyage en Pologne sur les lieux de déportation et d’extermination en février dernier, les élèves s’attachent désormais à retracer le parcours de Charles et Maximilien, 2 enfants juifs cachés à Bailleul, d’abord dans une ferme puis à l’orphelinat de la ville. Fin mai, des pavés de la mémoire vont être posés à Lille devant la maison où les parents de Charles et Maximilien ont été raflés. A cette occasion, les passeurs du collège vont lire des biographies qu’ils ont rédigées à partir de la consultation des archives départementales. Et le 8 juin, ils investiront le musée de la vie rurale de Steenwerck pour présenter et témoigner de leurs découvertes par des mises en scène qu’ils ont créées, en présence notamment de Lili Leignel, déportée, survivante des camps et infatigable témoin de la Shoah.
« On a beaucoup de chance »
Ne pas oublier. Transmettre. Deux principes que les passeurs de mémoire ont à cœur de faire rayonner autour d’eux : « Avec les projets et les nombreuses visites, on découvre beaucoup de choses qu’on ne savait pas avant. On essaye de se mettre à la place des juifs déportés et là on se dit qu’on a beaucoup de chance… On se dit qu’il ne faut surtout pas que ça recommence…« , conclut Lison, élève de 3e et passeur de mémoire.
Nicolas BOGAERT