Camille Costa de Beauregard, un futur saint au service des orphelins

Camille Costa de Beauregard, prêtre chambérien (1841-1910), sera-t-il bientôt saint ? Le 30 mars 2023, Rome a reconnu la guérison inexpliquée en 1910 d’un enfant blessé à l’œil, guérison attribuée à l’intercession de Camille Costa de Beauregard. Toute sa vie durant, le prêtre s’est consacré aux jeunes, et la Fondation du Bocage à Chambéry perpétue aujourd’hui son œuvre.

En janvier 2021, un article du Dauphiné Libéré titrait sur la guérison miraculeuse de René Jacquemond, enfant gravement blessé à l’œil lors d’un jeu. Le journal rappelait les conditions de cette guérison, produite en 1910 : alors que la blessure du jeune garçon s’aggravait de jour en jour, il guérit miraculeusement après qu’une sœur infirmière ait appliqué sur sa blessure un mouchoir ayant appartenu à Camille Costa de Beauregard et ait récité une neuvaine avec le petit garçon. Amédée Dénarié, ophtalmologue qui examina l’enfant, affirmait le 5 novembre 1910 que « la guérison s’est produite en dehors des lois naturelles, et d’une façon extraordinaire ». Retrouvé en 2015, le dossier de témoignages a relancé la cause en béatification du prêtre savoyard. Une joie pour la Fondation du Bocage, fondée par Camille Costa de Beauregard, et qui poursuit son œuvre auprès des jeunes.

Une conversion imprévue

Né le 17 févier 1841 à Chambéry en Savoie, Camille Costa de Beauregard est le fils du marquis Pantaléon, haut parlementaire turinois et homme très pieux, qui consacrait une grande partie de son temps à de multiples actions caritatives. Sa mère, Marthe de Veyrac, amenait régulièrement ses neuf enfants partager leur goûter avec les élèves de l’école-hôpital construit par leur père dans le domaine.

Atteint d’une typhoïde et de graves complications pulmonaires à l’âge de 16 ans, le jeune Camille poursuit ses études au château familial, sous la conduite de l’abbé Chenal. Ayant perdu la foi, le jeune homme ne va plus à l’église, mais passe son temps à travailler, à voyager, et à participer à des soirées avec la jeunesse dorée de Chambéry. Mais un jour, alors qu’il est âgé de 22 ans et qu’il a brillamment réussi ses études de philosophie, il est attiré à entrer dans la cathédrale de Chambéry : ce jour signe son retour à la foi. Dès lors, sa vie change du tout au tout.

Une vie tournée vers Dieu et les Hommes

En septembre 1863, Camille Costa de Beauregard entre au Séminaire français de Rome, où il sera ordonné prêtre, après avoir refusé de hautes fonctions ecclésiastiques. Revenu à Chambéry en juin 1867, il décide de se consacrer aux ouvriers, qui gagnent peu, et créé pour eux une caisse d’aide mutuelle, sous le patronage de Saint François de Sales, savoyard comme lui.

Quand, en août 1867, le choléra s’abat sur Chambéry, le prêtre savoyard recueille plusieurs orphelins chez lui. Mais très vite, la place manque ; le comte de Boigne, notable de la région, lui offre alors l’ancien bâtiment des douanes pour loger les orphelins : le Bocage.
Au fil du temps, le bâtiment sera agrandi et accueillera jusqu’à 125 pensionnaires. Camille Costa de Beauregard s’inspire de la pédagogie de Don Bosco, qu’il va voir à Turin les 28 et 29 mai 1879. Il veille particulièrement à l’éducation des pensionnaires : dès l’âge de 13 ans, les garçons apprennent le métier de jardinier dans les serres du domaine, et aux travaux de la ferme. Dès la fin de leur apprentissage, le prêtre Chambérien leur trouve un emploi de jardinier. Dans cette tâche, il est épaulé par des prêtres, des religieuses, et par son neveu Ernest Costa de Beauregard. Fatigué, malade, il s’éteint le 25 mars 1910. Son neveu Ernest perpétuera son œuvre, avant de la confier aux Salésiens de Don Bosco avant son décès en 1954.

Depuis, les salésiens de Don Bosco assurent la tutelle de la Fondation du Bocage, qui compte une Maison d’Enfants à caractère social et le lycée agricole Costa de Beauregard.

Blandine Lelté