Snap, Insta, Youtube…les réseaux sociaux sont très présents dans la vie des adolescents aujourd’hui. Poser, poster, liker influencent leurs vies. Les marques de vêtements, de chaussures l’ont bien compris depuis des années. Quatre collégiens lyonnais décryptent pour nous le rôle des influenceurs. Et Anne-Flore Magnan, éducatrice au Valdocco, nous donne son point de vue.
Influenceur ? Mais qu’est-ce que c’est au juste ?
Être un influenceur, c’est quelqu’un de très actif sur les réseaux sociaux. Mathieu nous l’explique : « On ne devient une personne importante pour les marques, pour que ces dernières nous repèrent afin de faire de la pub, du marketing pour elles, qu’à partir de 50 000 abonnés à notre compte ». Certains grands influenceurs gagnent leur vie grâce à ça. « A chaque post d’une marque tu peux te faire entre 500 et 1000 euros » commente Gaspard.
Mais alors, ce sont les marques qui sollicitent les personnes ou l’inverse ?
Victor nous explique : « On se crée d’abord une réputation : il faut être populaire sur les réseaux ». Mais comment être populaire, comment avoir des abonnés ? « Il faut se créer un compte public» me répond Martin. « Le mieux est de l’associer à une chaîne YouTube. Il faut donc « un max de réseaux sociaux pour varier et être connu » certifie Gaspard.
Il faut aussi se démarquer des autres pour être connu : choisir un domaine d’activités (sport, mode…) ; « la beauté aussi rentre en ligne de compte » rajoute Mathieu. Il faut savoir se mettre en scène, mettre son corps en scène. C’est pourquoi des jeunes filles posent dans des tenues très simples ou en maillot de bain ou alors les garçons posent torse nu pour montrer leurs abdos avec tel ou tel vêtement de marque. Et alors, c’est l’effet papillon : les amis des amis s’abonnent.
Les marques, les marques ! Il y a donc un poids réel des marques ? Comment cela fonctionne ?
Mais quel regard, vous collégiens, vous portez sur tout cela ?
« Le poids des marques est important pour nous » confie Victor. « Avoir une remarque sur notre vêtement ne nous rend pas insensibles» rapporte un autre en confiant son expérience : « On m’a fait une remarque blessante sur un vêtement pas à la mode que je portais, du coup, j’ai laissé mon vêtement au placard. »
« Moi, j’ai besoin d’avoir sur moi des marques réputées auprès de mes camarades. C’est important pour moi » explique Gaspard.
Et la confiance en soi ?
« Mais, nous finalement, on n’a pas assez de force pour résister» et puis, « c’est devenu tellement normal de juger les autres. »
Mathieu corrige « mais avec les vrais amis, on garde de l’estime ».
Et c’est Victor qui a le mot de la fin : « pour pas qu’on me méprise, et qu’on m’accepte : il faut acheter de la marque (c’est presque une obligation) ».
Journalistes : Victor Torres ; Mathieu Felizzato ; Gaspard Vissac et Martin Armand –
élèves en 3e aux Minimes à Lyon – accompagnés par Florent Leruste.
Le point de vue d’une éducatrice
Sœur Anne-Flore Magnan* : « Le jeune devient un support publicitaire »
Les pubs avant ou après le journal de 20 h concernent tout le monde parce que c’est l’heure d’écoute du grand public. Ici, la différence, c’est que l’influenceur réunit une « communauté » déjà en lien avec ce qu’il propose. Par exemple un jeune passionné de chaussures de sport va suivre des influenceurs qui ont cette « expertise-là ». C’est de la pub ciblée ! Internet, avec des outils comme Instagram, Youtube ou Tik Tok, permet la constitution de ce genre de « communautés ».
Le danger, en matière éducative, c’est quand ces influenceurs sont des adolescents, voire des enfants. On en fait des produits commerciaux. Des supports publicitaires. Voire carrément « la » publicité elle-même.
Enfin, une autre question posée par ce phénomène est celui de la discrimination de certains jeunes par l’argent, le rejet parce que tu ne portes pas des vêtements de la « bonne » marque. Evidemment, cela existait avant, ça se voyait dans la cour de l’école. Mais aujourd’hui cela se passe dans le téléphone des jeunes et les adultes ne le voient pas. C’est la même « mécanique » que le cyber-harcèlement. Et cela pose la question des cours de récréation « virtuelles » et de la place de l’adulte là-dedans, en termes de prévention et d’accompagnement des jeunes.
Propos recueillis par Joëlle DROUIN
* Soeur Anne-Flore, 33 ans, vit en communauté à Lille. Elle travaille au contact des jeunes du quartier de Lille Sud, à travers les activités du Valdocco et de celles de la paroisse salésienne.
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