Mongolie : avec les Salésiens, l’Évangile au bout du monde

Le voyage du pape François en Mongolie a attiré l’attention des chrétiens et des instances politiques sur un pays étrange, perdu entre les géants chinois et russe. Depuis 2001, le charisme de Don Bosco se fait mongol d’une façon nouvelle et prophétique.

Frère Andrew, coordinateur général de la visite du pape.

La Famille salésienne de Mongolie a été impliquée dans les préparatifs et l’accueil du pape, notamment par un salésien coadjuteur, Le Phuong Tran, vietnamien, qui a coordonné le programme de la visite du pape en servant d’intermédiaire entre le Vatican avec les autorités civiles du pays ; et une religieuse salésienne, soeur Hanako Kojima, d’origine japonaise, chargée de cuisiner et d’animer le personnel qui a préparé les repas du pape.

Onze salésiens et cinq salésiennes
Les premiers salésiens sont arrivés en Mongolie en 2001. Ils venaient pour la plupart du Vietnam. Aujourd’hui, ils sont 11 à travailler dans trois œuvres salésiennes. À Oulan-Bator, la capitale, ils gèrent un Centre de formation technique, une garderie pour enfants (très appréciée par les parents qui travaillent) et un Centre d’assistance en faveur des jeunes en difficulté.

Depuis 2005, ils sont présents à Darkhan, où il n’y avait pas un seul catholique à leur arrivée : aujourd’hui la paroisse Marie-Auxiliatrice compte 300 baptisés, un « Study Center » propose des cours de coréen, chinois et anglais à environ 30 enfants et jeunes, et un Oratoire quotidien est fréquenté par de nombreux jeunes.

Enfin, en 2016, ils se sont installés dans le quartier de Shuwuu, en lisière de la capitale, où les familles pauvres de la campagne échouent pendant un certain temps avant de trouver un travail en ville. En août 2023, le cardinal Marengo, archevêque de la Mongolie y a consacré l’église paroissiale qui rassemble une petite communauté de 75 catholiques, mais de nombreux enfants et jeunes qui professent d’autres religions ou sans religion fréquentent quotidiennement le Centre de Jour et l’Oratoire.

Sœur Hanako.

Les Filles de Marie Auxiliatrice sont arrivées à Oulan Bator en 2006. Cinq sœurs travaillent dans deux présences éducatives : une école maternelle et une école élémentaire, ainsi qu’un oratoire. Il y a un projet de construction d’une école moyenne. Actuellement, il y a 26 Salésiens Coopérateurs et de nombreux anciens élèves.

Notre rôle, prier d’abord
Les salésiens travaillent silencieusement, sans faire de propagande : « notre rôle est de prier d’abord ». Mais ils sont disponibles, apportant des réponses aux différentes pauvretés qu’ils rencontrent, dans une attitude de service et de dialogue, avec beaucoup d’humilité. Leur présence est « prophétique », peu à peu la population est touchée par la charité qui les anime, et ils donnent vie à des communautés de foi pleine de fraîcheur.

Les sœurs salésiennes.

Le témoignage de Battulga
Je suis arrivé au Centre Don Bosco en 2005, après avoir vécu dans la rue pendant deux ans, témoigne ainsi Battulga, 26 ans désormais. Ce fut une expérience terrible : j’ai rencontré de nombreuses difficultés, j’ai même été battu à plusieurs reprises par d’autres jeunes de la rue.
Dieu m’a envoyé quelqu’un qui m’a emmené au Centre Don Bosco. J’ai cessé d’avoir à faire face au froid, à la faim et aux difficultés de la vie dans la rue. Nous avons appris à planter des légumes, à nourrir le bétail, et à effectuer d’autres tâches pratiques. Après la première année du lycée, je suis allé à l’École technique Don Bosco pour étudier l’hydraulique. Pendant ma formation, j’ai travaillé avec l’une des plus grandes entreprises de la ville, qui était tellement satisfaite de mon travail qu’elle m’a proposé un emploi.
Pendant mon séjour, de 2005 à 2014, j’ai beaucoup appris sur la discipline, l’éthique du travail … et aussi la cuisine. J’aimais cuisiner et je préparais souvent des repas pour les enfants le week-end. Maintenant, je suis cuisinier professionnel. Parfois je pense que si j’étais allé dans un autre centre, je n’aurais pas pleinement compris la valeur de la vie, comme j’ai appris à le faire chez Don Bosco !

Jean-François MEURS