L’Étrenne, nous dit le Recteur Majeur, cardinal Àngel Fernandez Artime, est l’un des plus beaux cadeaux que Don Bosco et ses successeurs offrent chaque année à toute la Famille salésienne. Elle nous aide à cheminer ensemble, favorise notre unité grâce à une même inspiration pastorale et éducative.
L’étrenne de cette année 2024 possède une force particulière. Elle nous donne de relire le rêve que le jeune Jean Bosco fit à l’âge de 9-10 ans – c’était il y a 200 ans cette année -. Elle nous fait communier tous dans un même imaginaire qui nourrit nos activités d’évangélisation et nos interventions éducatives. Ce rêve met en évidence les racines de l’esprit et du charisme qui nous anime. Sans faire de théorie, il raconte ce que Don Bosco fut, ce que nous sommes aujourd’hui, et ce que nous rêvons de devenir. Il dit notre passé et notre avenir : Un cœur qui transforme les loups en agneaux.
Le rêve qui raconte la légende de l’Oratoire
Le Recteur Majeur insiste sur la portée de ce rêve, écrit de façon bien consciente par un Don Bosco en pleine maturité. Il cite abondamment ses prédécesseurs, qui ont tous médité ce récit fondateur de l’Oratoire.
Au centre du rêve, il y a les jeunes, objet de notre mission salésienne et de notre passion. Sans eux, Don Bosco n’existerait pas, tout tourne autour d’eux. Le Recteur Majeur souligne, en reprenant les mots de la Dame, l’importance du regard que nous portons sur eux, et l’importance d’être présents au milieu d’eux afin de comprendre qui ils sont, identifier leurs énergies cachées, quels sont leurs rêves, et découvrir qu’un processus de transformation est toujours possible. Les difficultés et les fragilités des jeunes nous aident à être meilleurs, leurs questions nous défient, leurs doutes nous interpellent sur la qualité de notre foi. Nous sommes appelés à nous laisser surprendre et à aider les jeunes à « rêver grand ».
Le récit désigne clairement la méthode éducative : c’est l’art de la patience, le choix raisonné de la douceur qui engendre l’amitié et fait naître la confiance. Proposer les vertus et la religion comme aimables et attrayantes. On est là au cœur du système préventif qui commence dans la cour de récréation et conduit les jeunes à Jésus.
Le père Àngel souligne l’horizon de cette action : le merveilleux projet de Dieu qui veut que les jeunes se sachent aimés. Notre Dieu a un rêve pour chacun de nous, pour chacun de nos jeunes. L’action de Don Bosco et son charisme ont une origine surnaturelle. Sans cette conviction, notre vocation perd sa nature spécifique.
On trouve encore dans le récit les qualités demandées aux éducateurs : se rendre humble, fort, et robuste. L’humilité d’abord : c’est un Jean Bosco très humain que l’on voit dans le rêve, qui pleure, avoue ses fragilités et qui a besoin d’aide. Mais Dieu choisit les faibles et fait de grandes choses avec des outils simples. La force ensuite, qui est notre capacité de résistance et de résilience. Enfin la robustesse que le Recteur Majeur traduit par la santé, dont nous devons prendre soin.
Jean, et les salésiens à sa suite, trouvent une alliée dans cette tâche « impossible » : Jésus nous donne Marie qui nous prend par la main pour nous guider et nous inspirer. Dans l’ombre de la Mère du ciel, le récit laisse entrevoir la maman de la terre, Marguerite. Il met ainsi en évidence l’importance de la dimension féminine dans l’éducation des enfants.
Le rêve au présent
Aujourd’hui, nous devons faire face aux « loups » et autres animaux sauvages modernes : la haine et la violence qui tuent l’estime de soi et créent l’exclusion sociale, l’indifférentisme, le relativisme éthique, le consumérisme qui détruisent les valeurs. La pire pauvreté des jeunes est de les empêcher de rêver.
L’éducation est une tâche communautaire que nous devons accomplir ensemble, « de manière synodale ». Seules les relations authentiques transforment et sauvent. C’est la qualité des relations qui évangélise. L’oratoire crée des espaces ouverts pour le vrai, le bon, le beau. Aujourd’hui, nous sommes appelés à aider les jeunes d’autres religions à entrer dans le rêve de Don Bosco pour devenir des bon croyants dans leur propre foi et leurs propres idéaux.
Jean-François Meurs
Le texte complet de l’étrenne du recteur majeur (une vingtaine de pages) est disponible en plusieurs langues (français, italien, anglais, espagnol…) sur le site de l’agence salésienne ANS.