« Clémence et Martin, cathos et militants, vous proposent des entretiens engagés avec des personnalités qui agissent pour un monde plus juste, plus durable, plus fraternel », c’est ainsi que se présente « Deux pieds dans le bénitier », un podcast produit par le CERAS, le Centre de recherche et d’action sociales fondé il y a plus d’un siècle par les jésuites. Et qui entend « porter un regard catho sur les luttes de notre temps ».
Dans leur dernier épisode, Clémence et Martin ont pris la route du Nord et se sont rendus à Lille. « S’il ne fallait retenir qu’un mot d’ordre du pape François, ce serait bien son invitation à nous rendre aux périphéries de nos sociétés. À l’heure où en France les prétendants à l’élection présidentielle jouent la surenchère autoritaire et où la question des quartiers populaires et de leurs habitants n’est vue que sous l’angle sécuritaire, voire du “séparatisme”, il nous semblait important de faire entendre la parole de celles et ceux qui y vivent s’y engagent », explique le duo, qui a rencontré sœur Anne-Flore Magnan, salésienne de Don Bosco, âgée de 33 ans, qui vit en communauté dans le quartier dit « sensible » de Lille Sud.
La première question vise d’abord à mieux définir qui est Anne-Flore. Une éduc spé religieuse ou religieuse éduc spé ? Les deux, répond la Lilloise. « Dieu trace un fil rouge dans nos vies et si pour moi, c’est religieuse d’abord, je pense que les deux sont synonymes. C’est toute ma vie donnée à Dieu pour les jeunes, et les jeunes les plus en difficulté. » Et de compléter, évoquant les quartiers populaires : « Le sens de la vie religieuse, c’est un appel à l’amour, c’est un appel à aimer ces jeunes qui sont parfois plein de clichés et que l’on ne connait malheureusement pas assez bien. »
Anne-Flore présente évidemment, dans cet enregistrement de 50 minutes, la pédagogie salésienne, mais aussi les missions du Valdocco, l’association créée par le père Jean-Marie Petitclerc à Argenteuil en 1995 et qui est désormais notamment présente à Marseille, Nice, Lyon, Vaulx-en-Velin ou Lille.
Un quartier de 33 000 habitants
C’est aussi l’occasion d’évoquer le quartier de Lille-Sud, 33 000 habitants, coupé du reste de la ville par le périphérique. C’est aussi le plus gros point de vente de drogue de tout le nord de la France. « Mais c’est un quartier plein de vie, plein de potentialité, où se vivent des choses très belles », explique Anne-Flore. « Ici, on comprend vite que tout seul on ne fera rien, une capacité à mon sens tirée du christianisme social, si fort dans le Nord ». Les sœurs salésiennes sont dans le quartier depuis plus d’une centaine d’années. « Elles font partie du paysage du quartier, et c’est plutôt très bien accueilli dans ce quartier à 80% musulman. Ca ne pose pas de problème, c’est même source de dialogue. Les jeunes ont un peu de mal à situer ce qu’est une religieuse, car il n’y a pas d’équivalent dans la religion musulmane. Mais ils perçoivent la question de l’engagement et de la consécration à Dieu, et pour la plupart des familles, cela a du sens« .
Vie de prière
« Le point de départ de mon action éducative, c’est d’abord Dieu et ma vie de prière. Parce que souvent en éducation, il y a des situations qui nous semblent bloquées, dans lesquelles on se sent impuissant. Parler de ces jeunes, de manière très simple, à Dieu, j’en ai besoin, j’ai besoin de faire ce lien entre les deux. Et de croire que rien n’est jamais terminé, exactement comme pour Jésus sur la croix », témoigne notamment sœur Anne-Flore.
Centre de loisirs, aide aux devoirs, travail de rue (depuis l’an dernier) : les activités du Valdocco de Lille sont ici expliquées, contextualisées, détaillées. Et différents sujets importants évoqués : affaire Samuel Paty, laïcité, liberté d’expression, relations avec les institutions, place de l’espérance… On n’a qu’une chose à vous dire, écoutez, en cliquant ICI !